Il existe un chômage persistant en France. On pourrait dire qu’il est dû à une inadaptation des chômeurs à la réalité du marché de l’emploi. C’est ce que répète la ministre du travail pour justifier la réforme de l’assurance chômage : « 700 000 offres d’emploi, là, disponibles tout de suite » n’attendraient plus que des candidats.

En réalité, il faut affiner ce chiffre. D’une part, ces offres ne correspondent pas toutes ni à des temps pleins, ni à des CDI. Ces 700 000 offres ne pourraient donc pas donner un emploi stable et pérenne à 700 000 personnes.

Par ailleurs, de nombreuses raisons peuvent expliquer qu’une entreprise n’aboutisse pas à un recrutement malgré la publication d’une offre : disparition du besoin, moyens financiers insuffisants, sans parler des fausses offres d’emplois destinées à composer une collection de CV en prévision de l’avenir. L’enquête « Besoin en Main d’oeuvre » du Pôle emploi et du Credoc indique qu’en définitive, seuls 7,5% des établissement qui ont essayé de recruter n’y sont pas parvenus, pour un total de 110 000 offres. Le défaut de candidat n’en a été la raison que dans 16% des cas. Cela représente 18 000 offres.

Si on considère que seules un tiers des offres d’emploi passent par Pôle Emploi, on pourrait par extrapolation statistique multiplier ces chiffres par 3 afin de mieux coller à la réalité. On aurait donc quelques 300 000 offres non pourvues, dont 54 000 par manque de candidats.

Sur ces 300 000 offres, rappelons que certaines sont à temps partiel, d’autres à durée déterminée. Elles imposeraient aux candidats de cumuler plusieurs emplois, et donc qu’en conséquence, ces 300 000 offres ne permettraient pas de donner un travail à 300 000 personnes.

Si l’on compare ces chiffres au total des embauches sur l’année 2017, on se rend compte que la plupart des offres d’embauches trouvent des candidats. Il y a eu 23,8 millions déclarations d’embauche en 2017 (dont 17 millions de moins d’un mois). On aurait donc 300 000 embauches qui échouent pour 23,8 millions qui aboutissent. Cela représente 1% des cas. Et les embauches qui n’aboutissent pas par manque de candidat ne représentent que 0,22% des cas[1]. Ces statistiques permettent de nuancer l’idée reçue selon laquelle c’est un manque d’adaptation des chômeurs à la réalité du marché du travail qui les conduit au non-emploi.


[1] Clouet, Hadrien. « La ritournelle des emplois non pourvus ». Sciences Po. Consulté le 12 décembre 2019. https://www.sciencespo.fr/actualites/actualit%C3%A9s/la-ritournelle-des-emplois-non-pourvus/3763

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